60 nouveaux projets en 2020

Posted by Lashay Rain on Saturday, June 15, 2024


Le Sénat publie le compte rendu de l'audition, par sa commission de la culture, de l'éducation et de la communication, le 5 février, d'Erik Orsenna et Noël Corbin, auteurs du rapport "Voyages au cœur des bibliothèques - Lire aujourd'hui, lire demain", consacré très largement à la question de l'extension des horaires d'ouverture de ces établissements. Ce rapport a débouché sur le lancement d'un "plan bibliothèques" en avril 2018, doté de 15 millions d'euros, dont 8 millions d'euros fléchés sur l'extension des horaires d'ouverture et 7 millions attribués aux missions des bibliothèques (voir nos articles ci-dessous du 20 février et du 11 avril 2018). L'objectif de cette audition sénatoriale était donc de savoir dans quelle mesure les préconisations du rapport ont bien été suivies d'effets.

Extension des horaires : "La réponse est oui"

Sur la question de l'extension des horaires, Noël Corbin, inspecteur général des affaires culturelles (et ancien directeur des affaires culturelles de la ville de Paris) a été catégorique : "La réponse est oui". Plus précisément, les bibliothèques qui se sont engagées dans l'extension des horaires, "enregistrent une moyenne de 8 heures 30 supplémentaires, et touchent 9 millions de nos concitoyens". En termes budgétaires, sur les 88 millions d'euros de la DGD (dotation générale de décentralisation), 8,4 millions d'euros sont dédiés aux extensions d'horaires, le reste étant fléché sur les dépenses d'investissement. Au total, un peu plus de 10 millions d'euros sont, en fait, consacrés aux extensions d'horaires, "en prenant sur des crédits attribués aux dépenses d'investissement".

Noël Corbin a également indiqué qu'"il existe 60 projets supplémentaires pour 2020. On va donc continuer à prendre sur l'investissement si l'on n'enregistre aucune mesure nouvelle en matière de fonctionnement". Avec toutefois un petit bémol : "Nous sommes très attachés à l'extension des horaires d'ouverture, mais aussi au fait que l'État continue à accompagner les collectivités locales dans leurs investissements. Il ne faudrait pas, en effet, que les dépenses de masse salariale qui permettent de couvrir des horaires nouveaux viennent obérer l'investissement de l'État". Dans la présentation de son budget pour 2019, le ministère de la Culture faisait déjà état de 265 projets engagés sur l'extension des horaires de bibliothèques, soit davantage que l'objectif initial de 200 projets (voir notre article ci-dessous du 25 septembre 2018).

Inquiétudes sur la pérennité des moyens

Pour sa part, Erik Orsenna a insisté "sur le rôle extrêmement important des départements dans le domaine des contrats départementaux de lecture, qui sont des éléments clés". Il a également répondu aux reproches formulés sur le rapport, notamment à l'Assemblée nationale, "de ne pas avoir été assez directifs et de ne pas avoir imposé un modèle unique de bibliothèques, de Dunkerque à Cayenne". Il estime au contraire que la souplesse laissée dans l'élargissement des horaires et l'évolution des missions "a permis aux directions régionales des affaires culturelles (Drac) de reprendre un peu de dynamisme et de prouver leur efficacité. C'est grâce à elles et aux municipalités que la diversité et la pertinence des projets ont pu être définies".

Lors des échanges, Sylvie Robert, sénatrice (PS) d'Ille-et-Vilaine et auteur d'un précédent rapport sur l'extension des horaires des bibliothèques (voir notre article ci-dessous du 3 novembre 2015), s'est en revanche inquiétée du fait que "l'avancée financière, que nous avons collectivement obtenue pour ouvrir les bibliothèques plus et mieux, est doublement calibrée dans le temps puisque, d'une part, l'accompagnement financier de l'État n'est valable que cinq ans, d'autre part, l'abondement supplémentaire de 8 millions d'euros de la DGD bibliothèques n'est garanti que jusqu'en 2022". Tout en indiquant que "les questions budgétaires vous reviennent plus qu'à nous", Erik Orsenna a reconnu que "le sujet de la continuité du dispositif de soutien est une question clé. [...] Certains projets ont même été arrêtés pour cette raison. L'absence de visibilité n'est plus seulement une excuse, mais sert à justifier l'impuissance. Quelque part, l'État organise le manque de visibilité. Ceci va à l'encontre de toute ambition". Parmi les obstacles à l'extension des horaires, il a cité également "le conservatisme de la profession".

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