Les skieurs agissent pour le dveloppement durable

Posted by Maryanne Delima on Wednesday, June 12, 2024

Des remontées mécaniques qui tournent à l'électricité renouvelable, de la neige de culture produite en prélevant l'eau sur des conduites de barrage sans impacter le milieu naturel, un ré-engazonnement systématique suite à des travaux sans usage d'engrais... la station de ski d'Arêches-Beaufort est engagée en faveur d'un développement durable. Signataire dès 2007 de la charte nationale en faveur du développement durable dans les stations de montagne, lancée par l’association nationale des stations de montagne, elle associe désormais de plus en plus les touristes, notamment les skieurs, à sa politique de préservation environnementale.

Skieurs et vaches laitières sur un même territoire

Avant d'aller voir du côté des skieurs, petit retour en arrière. Dans les années 1950, la création du barrage hydroélectrique de Roselend modifie toute l'économie locale du Beaufortain. Pour garantir leur survie, les éleveurs-producteurs du renommé fromage de Beaufort s'organisent autour de la coopérative laitière de Beaufort. Dans les années 1970, la commune de Beaufort développe la station touristique d'Arêches. La Société d'économie mixte d'Arêches-Beaufort (Semab) qui exploite aujourd'hui le domaine skiable, compte ainsi parmi ses actionnaires une filiale d'EDF et la coopérative laitière de Beaufort. « Notre engagement écoresponsable vient de cette histoire, souligne Laurent Fillion, directeur de la Semab. Ici, depuis 50 ans, cohabitent deux exploitants d'un même domaine : Semab l'hiver et éleveurs, avec un cahier des charges strict, l'été. Un quart de nos salariés sont aussi doubles actifs, salariés de la station l'hiver en plus de leur activité d’agriculteurs tout au long de l’année. Un effectif élevé par rapport à d'autres stations. »

Descendre ses déchets pour mieux les trier

Assurer une remise en bon état écologique du domaine skiable avant son utilisation par les animaux est donc un enjeu majeur. La sensibilisation des skieurs à la gestion de leurs déchets a été un des premiers leviers d'action. « Pour autant, nous avons volontairement limité le nombre de poubelles sur le domaine skiable, indique le directeur. Parce que les touristes ne trient pas les déchets déposés sur site et que le ramassage des corbeilles en chenillette est un non-sens. » De plus, les animaux sauvages sont susceptibles d'éparpiller les déchets dans la nature. La station incite donc les touristes à remporter leurs déchets à leur hébergement pour pouvoir les trier. « Aujourd'hui, ne pas abandonner ses déchets en pleine nature, les trier, est dans l'air du temps et nous trouvons désormais très peu de déchets sur site », indique le directeur. La Semab organise régulièrement des journées de ramassage des déchets : « Nous continuons à le faire pour leur intérêt pédagogique, elles se justifient beaucoup moins au vu des volumes récoltés. »

Sans voiture : des solutions multiples et souvent gratuites

En 2007, la station a réalisé un bilan carbone qui a mis en lumière le fait que 57 % des émissions sont liées aux déplacements, en très grande majorité réalisés par les touristes fréquentant la station. Dès les années 2000, un service gratuit de navettes « skibus » reliait les villages de la vallée à la station de ski. Depuis 2009, le transport en bus depuis la gare d'Albertville est offert pour tout forfait de ski acheté dans le bus. Lorsqu'un train arrive après les derniers départs de bus d'Albertville, un taxi groupé gratuit permet même au touriste de rejoindre la station. En 2010, la station a encore complété le dispositif, en incitant au covoiturage : « Nous avons mis en place un tarif de forfait pour inciter les occupants à se regrouper dans une même voiture : moins 10 % si l'on est 2 et jusqu'à moins 35 % si l'on est 5 occupants d'une même voiture », souligne le directeur.

Semab et Office de tourisme main dans la main

Le site internet commun à la Semab et à l'Office de tourisme est le principal outil de promotion d'une mobilité alternative. Les équipes des deux structures partagent d'ailleurs physiquement les mêmes locaux. L'Office de tourisme d'Arêches-Beaufort gère aussi la centrale de réservation des hébergements sur la vallée, ce qui lui permet de proposer aux locataires des offres packagées avec des alternatives à la voiture. Le site internet intègre aussi un comparateur multimodal en partenariat avec TicTacTrip, qui propose des trajets combinés en train, bus et covoiturage. Les touristes réservant sur ce comparateur peuvent bénéficier d’une remise sur leur séjour (hébergement + forfait de ski) allant jusqu’à 20 %. Cette mobilisation porte aujourd'hui ses fruits : le « skibus » tourne avec 5 véhicules pendant les vacances scolaires (contre 2 il y a 10 ans) et 2 hors période de vacances scolaires (contre 1 il y a 10 ans), en tenant compte des variations de fréquentation et des évolutions de l’urbanisation. Plus récente, l'offre bus gratuit pour tout forfait acheté dans l'Altibus oscille entre 50 et 100 par an depuis sa création et près de 4 % des forfaits sont désormais vendus en offre covoiturage. Des solutions qui ont permis de ne pas développer les parkings, même si la majorité des skieurs prend encore son véhicule individuel.

La logistique lourde du ski

« Malgré ces offres gratuites, le principal frein pour laisser sa voiture est que le ski reste une logistique lourde : des bagages conséquents, du matériel à transporter », souligne le directeur. En 2018, la station a donc créé des consignes à ski pour pallier ces limites logistiques : 50 casiers installés dans un chalet chauffé. Réservable à l'avance (12 € par jour), chacun peut accueillir 4 à 5 équipements de ski. Ainsi débarrassés de leur matériel, les skieurs sont davantage enclins à utiliser au quotidien la navette « skibus ». Preuve de leur intérêt, ces casiers font le plein à chaque période de vacances scolaires. « Nous réfléchissons à en construire d'autres, une fois que ce premier investissement sera amorti », précise le directeur. Autre levier à creuser pour l'avenir, la liaison hameaux secondaires-station. « Ils ne sont pas desservis par le « skibus », il faudrait inventer des solutions alternatives plus souples. »

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